Lupus vol 1 & 2

AUTEUR : Frederik Peeters
EDITEUR : Atrabile (2002-2004)

On a pu reprocher à l'auteur suisse Frederik Peeters un style graphique basé sur le noir et blanc un rien trop proche de celui de Blutch. C'est sans compter sur la qualité de ses récits (Pilules bleues, Constellations, et ce Lupus), et le fait que son éloignement géographique nous l'a peut-être présenté un peu plus tardivement que son collègue français. Il est cependant dur, à y bien regarder, de ne pas oser le rapprochement.
Mais ces similitudes d'aplats de noir ou de traitement de la poésie dans l'ambiance ne sont pas lourds d'emprunts au contraire, mais reflètent un réel talent et une marque de qualité. Rares sont en effet les histoires a élever autant le niveau de lecture d'une bande dessinée, au point de les classer comme des incontournables littéraires à part entière. Lupus fait donc partie de ceux-là.
L'histoire de ce duo de baroudeurs de l'espace se payant le luxe de voyager dans toutes les galaxies dans le seul but de tester les plus grands stupéfiant de l'univers offre d'entrée de jeu un scénario peu habituel, même si on eu pu faire encore une comparaison avec la série américaine de Burton & Cyb, publiée chez Comics USA en son temps. Mais là où cette dernière restait dans un registre pur de SF bariolée ou nombre d'extra-terrestres se font un malin plaisir de poursuivre nos héros, et par là-même d'offrir un scénario basé sur l'humour, Lupus se place d'entrée comme une ode à la promenade, peut-être plus proche à ce niveau là de la tradition manga, ou de la nonchalence suisse bienconnue. Car l'action n'est pas le propre de cette histoire, plutôt basée sur l'observation des caractères humains de chaque personnage. Lupus Lablennore et Tony Uffizi en possédant deux bien différents, même si on s'apperçoit avec le temps que personne n'est finallement comme on croyait qu'il était. Sanaa, la belle brunette paumée qu'ils récupèrent sur une planète lors d'un arrêt approvisionement se chargeant petit à petit de les réveler à eux-mêmes.
Ce récit trés aéré graphiquement, avec parfois seulement 4 cases par planches, l'est donc aussi au niveau de son rhytme de narration, qui prend le temps. C'est pourquoi ces deux volumes de 92 pages chacun de suffisent pas à conclure les pérégrinations de notre héros, qui, éprouvant à la fin du premier tome la perte de son accolyte, se retrouve ensuite en fin de second avec l'abberration d'attendre un enfant qu'il n'a même pas fait. Le passage trés poétique de sa retraite avec Sanaa dans un village peuplé d'intellectuels vieillissants ne pouvant pas ne pas en rappeler un autre, tiré d'un grand chef-d'oeuvre : Farenheit 451.
Bravissimo !